L’art est la somme d’écritures diverses et de langages singuliers…

Il y a trop de soustractions dans le monde contemporain !

 

Peindre, dessiner, écrire, modeler, modifier, raturer…

puis reprendre, défaire, effacer pour choisir progressivement son alphabet.

Peindre ne se fait pas de façon hermétique et exclusive :

c’est, à mes yeux, la possible traduction de connaissances protéiformes acquises et méditées.

Le matériau de l’art ne se trouve pas chez les marchands de couleurs !

La littérature, la musique, le théatre, la danse, mais également l’histoire sociale, politique,

culturelle, hors de nos frontières et loin de tout ethnocentrisme sont les nourritures du langage de l’art.

J’aime l’histoire de l’humanité, de ses esquisses permanentes et contrariées.

Donc j’écris aussi…


La solitude du peintre

Le monde contemporain découvre la pandémie, le confinement, le couvre-feu et se trouve confronté à une improvisation extraordinaire relevant de situations surréalistes. S’y mêlent la peur, la méfiance, le doute, trouvant en échos bariolés à ce chaos les décisions politiques et autoritaires des chefs, girouettes cherchant le point cardinal le plus adapté à leurs ordres confus, contredits par des évènements qui nous prouvent enfin (s’il en était besoin) que nous sommes bien ridicules et insignifiants dans ce monde qui pourrait bien, par le plus infime de ses prédateurs viraux, nous réduire à néant. 

 

« Tout » ce que l’homme a conçu pour dominer et maitriser cette Terre (guerre, racisme, capitalisme sauvage, exclusions, révolutions nombrilistes, menaces atomiques, terrorismes religieux, extinctions végétales et animales -la liste est longue comme une litanie morbide-) « Tout » (et son reste !) est...

 


Le délicieux anachronisme de la peinture

De Plotin à Vasari en passant par Cennini ou Alberti, l’art de la peinture s’interroge sur ses fondations. Si l’on a bien compris que l’intention prévaut sur les querelles de techniques, que la cosa mentale précède les effets du « langage », la peinture n’en demeure pas moins constamment traversée par des querelles qui, de Diderot à Kant, de Hegel à Wölfflin et jusqu’à Panofsky, dessinent pour le moins son très large spectre. Territoire vaste et souvent bariolé de manifestes plus ou moins pertinents, écrits par des prophètes qui n’en furent finalement pas.

 

Tout simplement parce que la plupart du temps ils ne sont pas peintres. Et pour cause : Peindre est l’expression d’un langage fondamental qui demeure, dans son essence, primitif. C’est à dire archaïque, premier comme une parole livrée sans fioriture ni posture. Il n’ y a pas de progrès en art. Seules les technologies l’habillent d’une « modernité » éphémère. Le style est l’emphase du propos. La peau se ride des manières dont elle se maquille. La vénus de Willendorf ou celle de Laugerie basse n’ont rien à envier au Nu de dos de Matisse ou au statuaire kitch contemporain de Koons. Ces œuvres sont d’abord des concepts de l’esprit mis en forme, révélés, et l’esprit se manifeste par un langage qui n’a fondamentalement pas évolué depuis des siècles…

 


Le(s) langage(s) de la peinture et les commentaires

Thierry De Duve écrivait en 1987 (dans le catalogue de l’exposition : « l’époque,la mode, la morale, la passion. ») sous l’apparence d’un débat entre 2 critiques d’art  » …il faut que je décide sur quoi faire porter mon commentaire. Il y a trop d’artistes, il y a ceux qui ne valent même pas la peine d’être commentés (!!) et puis il y a les autres. Les choisir c’est un jugement. Il prend du temps, ne fût-ce que le temps de laisser l’artiste prendre le sien. Or les institutions, la mode justement, nous forcent la main. »

 

Un peu plus de trente ans plus tard  » l’époque, la mode, la morale  » sont des concepts stérilisants, des mots vides pour faire le plein d’illusions dont la passion n’est qu’un spasme numérisé… Les révolutions ne semblent plus artistiques et les slogans sont très marchands. Il n’y a plus que la jouissance de vouloir briller, dans les salons du pouvoir, éphémères et pauvres soleils qui déclinent tandis que tous les Icares se noient…